Il est impossible, petite, de se projeter à devenir famille d’accueil, on ne peut pas dire que ce soit un métier qui fasse rêver ou qui soit très connu. Mais j’ai attrapé le virus au décours de ma carrière ( même si je pense qu’on ne travaille pas dans le social par hasard).
Assistante sociale je voyais souvent des ados arriver dans mon service après une tentative de suicide alors qu’elles étaient placées. Je me trouvais confrontée alors à des situations ubuesques où l’Aide Sociale à l’Enfance refusait de reprendre la jeune car elle avait besoin de soins psychiatriques mais où la psychiatrie ne souhaitait pas garder la jeune plus que de raison expliquant que c’était une orientation sociale et qu’il suffisait de lui offrir un lieu d’accueil adapté et sécure. Un vrai jeu du chat et de la souris dont les premières victimes étaient ces ados sans réelle solution à leurs difficultés sociales et psychologiques.
Cela m’a donné à réfléchir et je me disais qu’il faudrait des structures (avec une équipe pluridisciplinaire) pour accueillir ces enfants aux problématiques multiples pour les aider à évoluer plutôt que de chercher à les faire rentrer dans une case ou une autre. C’est ainsi que j’ai eu envie de créer un lieu de vie pour adolescents qui tiendrait compte dans toutes leur difficultés dans leur globalité. Mais il m’a été répondu qu’il fallait d’abord démontrer mes capacités accueillir en tant qu’assistante familiale car les lieux de vie avaient mauvaise réputation et étaient beaucoup plus difficiles à mettre en place.
Et une situation à l’hôpital m’a donné le dernier élan pour me jeter dans cette aventure du placement familial. Un jour une maman est arrivée à l’hôpital (en situation irrégulière car avait échappé, avec son fils, à la guerre dans son pays.) elle devait rester hospitalisée mais n’avait aucune solution de garde pour son fils, ne connaissant personne en France. J’ai donc fait signer un contrat d’accueil provisoire (à la demande de la maman donc) pour que son fils de quatre ans soit quelques jours en famille d’accueil plutôt que de soumettre la situation au juge pour enfants. Ma tante étant famille d’accueil, il a été convenu avec les service de l’ASE qu’il irait là bas quelques temps. Ce n’était pas très protocolaire (mais c’était une solution d’urgence) et je ne voulais pas que les autres sachent que j ‘avais trouvé une solution grâce à mes relations.
J’ai donc expliqué au petit garçon qu’il fallait différencier quand il me voyait dans la chambre de sa maman et que je portais une blouse blanche et quand il me voyait le week-end à la maison ou dans sa famille d’accueil. Ce qu’il a bien compris du haut de ses quatre ans, jouant avec moi le week-end et me faisant des câlins. Mais lorsqu’on s’est vus en présence de sa mère et de l’équipe le petit garçon n’a pas manqué de me vouvoyer, se comportant comme si nous ne nous connaissions pas (excepté son petit sourire complice quand nous nous sommes dit au revoir de manière professionnelle).
Je pense que c’est cet accompagnement qui m’a donné envie de devenir famille d’accueil. Il y avait un tel potentiel chez cet enfant, je prenais la pleine mesure de l’intérêt de ce placement et des objectifs à atteindre. C’est probablement ce moment là qui m’a donné envie de passer de l’autre côté de la barrière et d’aider un enfant dans son quotidien en devenant pour de vrai famille d’accueil.